[IN]-CLOSURE

[IN]-CLOSURE

Projet Lauréat du concours + Holcim Awards prize 2014 for sustainable construction

Regardez la vidéo du projet ICI

En 2012, le projet « [IN]-closure » remporte le concours d’idées en deux phases de Seattle, la plus grande ville de l’État de Washington. En 2014, il est récompensé par le prix Acknowledgement des Holcim Awards. Une belle histoire.Remporter un concours international aux États- Unis, face à 150 agences d’architectes inscrites, n’est pas monnaie courante. Que l’équipe, la trentaine pas encore ou à peine entamée, soit étrangère, venue de France encore moins. La consultation invitait à réfléchir sur les opportunités environnementales, sociales et économiques d’un site de 3,5 hectares, en plein centre-ville. Pas dans n’importe quel quartier de Seattle, mais sur un terrain de sport et de football, installé sur le territoire de l’ancienne Exposition universelle de 1962. Un drôle d’endroit dominé par une tour de 185 mètres, la Space Needle avec, tout là-haut, son restaurant panoramique en forme de soucoupe volante, flanqué d’une autre icône, l’EMP (Expe rience Music Project Museum) de Frank Gehry.

La proposition d’ABF-lab : installer une forêt de cèdres rouges, les mêmes que ceux qui serrent de près la conurbation, sur les 220 x 110 mètres des lieux, l’entourer sur l’extérieur de kiosques, en grande partie fermés côté parc par une paroi réfléchissante. Presque rien et beaucoup plus. Le discours des architectes est clair et sûr : « Notre projet propose une intervention minimaliste et écologique, à faible impact et forte valeur sociale par le biais d’un paysage forestier flexible et dynamique en plein cœur urbain, capable de produire une richesse d’interactions sociales à de multiples échelles. Ce système organique, évolutif et “réplicable” entend démontrer que le cœur de la résilience écologique se situe majoritairement dans l’implication de la communauté ». Tout est dit : « [IN]-closure », le nom de baptême de leur proposition, vise l’écologie sociale. Seattle est connu pour son engagement civique, son tissu serré d’associations. Le projet s’appuie sur elles. Les kiosques, de 30 m2, un pour chacune, mutualisables, dépendent de leurs initiatives, de leurs capacités à inventer et modifier au fil du temps le projet à travers leurs innovations. Chaque boîte peut être fabriquée sur place en bois (structure et bardage) et montée en auto-construction dans un hangar à proximité. Le but est de favoriser l’appropriation, de retrouver l’atmosphère des marchés de toujours, des baraques à frites ou des stands des expositions universelles. Leur enveloppe périphérique clôt le parc planté serré, au sol naturel, vallonné, puits de carbone, poumon et îlot de fraîcheur en centre urbain, puissant stimulant de la biodiversité et régulateur du cycle de l’eau par rétention/infiltration/récupération des pluies et bruines interminables bien connues de la ville. Les attendus bioclimatiques, les caractéristiques propres aux projets éligibles aux certifications environnementales répondent à l’appel : possibilités de productions agricoles, limitation de l’énergie grise, autonomie énergétique et sanitaire, entre autres en installant en superstructure des kiosques une piste de jogging truffée de cellules piézoélectriques activées par les coureurs… Technologiquement affûtée, l’équipe d’ingénieurs/ architectes revendique sa maîtrise du concept et de son ingénierie, sa capacité à valider ses propositions en interne pour l’opérationnel.

Au second tour du concours d’idées, le Seattle Center, maître d’ouvrage, demandait plusieurs auditions devant élus et investisseurs, plus un film vidéo. Le Pecha Kucha* d’ABF-lab les a conquis : maîtrise de la langue américaine bien sûr, exposé rapide et détendu concentré sur l’essentiel, doublé de quelques incises d’humour. La vidéo a depuis servi à montrer le projet aux enfants des écoles. Loin des perfections léchées des studios Pixar ou de sa société mère Walt Disney, l’image est presque pauvre, low tech comme le projet, fortement marquée par une poésie très Mitteleuropa si fréquente dans les courts-métrages hongrois. Le tout s’appuie sur un récit articulé, tonique, synthèse et concentré d’intentions à fort contenu symbolique, aussi pédagogique que limpide. Cerise sur le gâteau, le projet d’ABF-lab annonce un coût prévisionnel de 15 millions de dollars, très largement inférieur à ceux de ses concurrents.”

Jean-François Pousse, journaliste et critique d’architecture

*Format de présentation simple et informelle s’appuyant sur le passage de diapositives durant quelques secondes devant un public.